Niveau des mers et montée des eaux
Si les glaces polaires fondaient, y aurait -il montée des eaux ? Force est de constater que le niveau des mers et des océans a augmenté ces dernières décennies et que la montée des eaux semble inexorable du au réchauffement climatique. L'augmentation significative du niveau des mers et des océans va sans doute entrainer un déplacement important des populations.
Sommaire :
1- Fonte des glaces : mécanisme
2- Fonte des glaces et montée des eaux : les prévisions des scientifiques
3- Les prévisions actualisées du GIEC
4- Des millions de personnes déplacées
5- La montée des eaux en France
6- Annexe; les iles menacées par la montée des eaux
7- Les iles françaises (Caraïbes et Polynésie) concernées
1) Fonte des glaces : mécanisme
On distingue deux sortes de glaces: les calottes posées sur les continents (glaces continentales, telles la calotte de l'Antarctique et du Groenland, pouvant atteindre plusieurs milliers de mètres d'épaisseur) et les banquises (glaces de mer, qui s'étendent dans l'océan Arctique et autour de l'Antarctique, pouvant atteindre 15 mètres d'épaisseur).
Calotte glaciaire : c'est un glacier d'eau douce très étendu, qui recouvre 98 % du continent Antarctique. Sa surface totale est d'environ 14 millions de km², et son épaisseur maximale est de 5 000 m. La calotte glaciaire (jusqu'à 3 000 m d’épaisseur) recouvre en grande partie le Groenland et le continent Antarctique. Ces calottes se sont formées par accumulation de neige sur de très longues périodes et s’apparentent en quelque sorte à des glaciers géants de glace non salée.
Banquise : couche de glace (au maximum quelques mètres d’épaisseur) formée à la surface de la mer par congélation d'eau salée. Elle se forme pendant l’hiver polaire par congélation de l’eau de mer si la température le l’eau salée est inférieure à -1,8 °C. Son contenu en sel varie de moins d’1 g/kg de glace à environ 10 g/kg de glace. Par comparaison, la salinité de l’eau de mer est d’environ 35 g/kg. En hiver, la banquise entourant l'Antarctique recouvre jusqu'à 20 millions de km² d'océan. En été, elle disparaît presque complètement.
Le volume total des glaces continentales est estimé à un peu plus de 30 millions de Km-cubes, réparti essentiellement sur l'Antarctique
Groenland : 2,5 millions de km3
Antarctique : 29 millions de km3
Autres glaciers : 0.2 millions de km3
La surface des océans représente à peu près 70 % de la surface terrestre .
Donc, si tous les glaciers continentaux fondaient, les 32 millions de km3 de glaces élèveraient le niveau de la mer de 84 mètres. En réalité, ce serait un peu moins, parce qu'une partie des glaciers de la partie Ouest de l'Antarctique n'adhère pas partout au socle continental, qui est ici sous le niveau de la mer, et la fonte des glaces de mer (banquises) n'influence pas le niveau des mers .
On peut tester cela en étudiant la fonte d'un glaçon dans un verre d'eau : le niveau d'eau dans le verre ne changera pas !
Par contre, la fonte d'un glaçon suspendu au-dessus du verre fera monter le niveau d'eau dans le verre.
Ainsi, on estime ainsi que la fonte des glaciers continentaux Antarctique élèverait le niveau de la mer de 70 mètres , en enlevant la partie océanique des glaciers. En ajoutant les glaciers continentaux du Groenland (6 à 8 mètres de plus, l'incertitude étant de plusieurs mètres), on arrive à une variation de l'ordre de 76-78 mètres.
Les variations passées
On constate que :
=> la calotte antarctique reçoit deux fois plus de neiges en période chaude et donc « gonfle » ;
=> la calotte groenlandaise , par contre, « fond » en période chaude et semble avoir été un peu plus réduite il y a 120.000 ans (où il faisait plus chaud de quelques degrés que maintenant) que durant l'interglaciaire actuel. À cette époque, le niveau des mers était plus élevé de quelques mètres (environ 6 mètres).
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La montée des eaux sur notre planète s'accélère avec 10 cm en 25 ans ( moyenne de 4 mm par an) |
2) Fonte des glaces et montée des eaux : les prévisions des scientifiques
Dans un premier temps, en réponse au réchauffement océanique, l'accroissement possible des précipitations sur les régions polaires pourrait amener les calottes à grossir légèrement et à contrecarrer ainsi l'élévation du niveau de la mer liée à la dilatation des océans. Le niveau de la mer augmente pour deux raisons : La dilatation thermique (également appelée effet stérique) : en raison de l'augmentation de la température, l'eau, les eaux se réchauffent en surface mais également en profondeur, du fait des courants marins. Or plus la température de l’eau augmente, plus l’océan se dilate, entraînant une élévation du niveau de la mer, accentuée par la fonte des calottes glaciaires.
Couvrant près des trois quarts de la surface de notre planète, l’océan possède une vaste zone de contact avec l’atmosphère. Il en résulte de nombreux échanges entre ces deux milieux. Ainsi, une partie du CO2 atmosphérique se dissout dans l’eau : plus celle-ci est froide, plus elle en absorbe. Or l’eau froide est plus dense et plus lourde. Les eaux chaudes restent à la surface des océans, et quand elles se refroidissent vers les pôles, elles glissent au fond des océans. C’est grâce à cette différence de températures que se créent les courants et qu’une part du gaz carbonique dissous se retrouve entraînée vers le fond.
On estime que, depuis le début de la révolution industrielle, l’océan a absorbé 30 % de nos émissions de CO2. Mais pour combien de temps ? D’une part, le réchauffement de l’eau rend plus difficile la dissolution du CO2 et perturbe la formation des courants qui résultent de différences significatives de température. D’autre part, on ignore dans quelle mesure le plancton va pouvoir continuer à absorber le CO2. Le risque : si ce puits de carbone arrivait à saturation, le changement climatique s’accélérerait !
Savez vous que la fonte des glaces en Arctique entraine inéluctablement des changements climatiques sur la planète entière. Savez vous que les forages pétroliers qui augmentent entrainent un dérèglement de l'éco-système en Arctique et a une conséquence directe sur la faune qui est censée être protégée. En 30 ans la banquise a perdu 30% de sa surface. D'ici à 2035, la banquise arctique pourrait totalement disparaitre entrainant un désordre climatique sans précédent.
Il ne suffit pas d'en parler, il faut agir pour éviter celà .
L'accélération du réchauffement de l'Arctique et ses conséquences
En 2020, une vague de chaleur en Eurasie, notamment en Sibérie, a entraîné une fonte des neiges qui a elle-même entraîné une hausse des températures.
Conséquence, l'Arctique a atteint des records de fonte durant l'été 2020. La banquise a atteint son second niveau le plus bas jamais enregistré depuis les premières mesures effectuées dans les années 1970. ( le record date de 2012)
Avec la fonte des glaces, l’Arctique s’ouvre aussi à de nouvelles routes maritimes, et donc à de nouvelles activités industrielles exposant davantage l’océan, la faune, et la planète aux effets destructeurs du dérèglement climatique.
Entre 1979 et 1990, l'Antarctique avait perdu en moyenne 40 milliards de tonnes de masse glaciaire par an. A partir de 2009 et jusqu'en 2017, cette perte est passée à 252 milliards de tonnes chaque année. Plus inquiétant encore, les scientifiques ont repéré des zones dans l'Est, autrefois considérées comme relativement "à l'abri du changement", contrairement à celles de l'Ouest, mais qui perdent désormais beaucoup de glace.
L'Antarctique renferme suffisamment de glace pour provoquer, si cette dernière venait à fondre complètement, une élévation de 57 mètres du niveau des mers. La calotte glaciaire de l'Antarctique de l'Est, la plus importante au monde, contient environ la moitié des réserves d'eau douce de la planète. De quoi faire monter les mers de 52 mètres en cas de fonte, contre 5 mètres pour la partie Ouest.
Un compte à rebours a débuté en Antarctique ouest. Et pour les scientifiques, l'issue ne fait plus aucun doute : cette partie du continent blanc est vouée à disparaître dans les années à venir.
Le glacier Thwaites, l'un des géants de la zone de la mer d'Amundsen , de la taille de la Floride, qui fait 120 kilomètres de large, 600 de long et atteint 3 km de profondeur par endroits, est de plus en plus instable . Un "monstre" responsable, chaque année, de 4% de la montée du niveau de la mer dans le monde. Le réchauffement climatique joue un rôle avéré dans cette fonte du glacier Thwaites.
Ces mouvements de glace font craindre un "scénario catastrophe". A force de reculer, cette ligne d'échouage entraînerait le détachement du glacier et sonnerait le début d'une réaction en chaîne : "Thwaites et le glacier voisin, Pine Island, vont entraîner le reste de l'Antarctique occidental".
Cette disparition causerait une hausse du niveau de la mer de plus de trois mètres, ce qui aurait des conséquences sur tous les littoraux du globe. "Ce n'est pas la peine d'être scientifique pour s'en rendre compte", ajoute Emmanuel Le Meur. Le processus enclenché est irréversible. Observateur privilégié de ce glacier depuis trois décennies, Eric Rignot a conscience que "c'est impossible à arrêter". Mais il pense que l'être humain peut encore influer sur la fonte de ces glaces. "Si on arrive à revenir à une période un petit peu plus froide par exemple, il est tout à fait concevable que le glacier continue à se retirer mais de manière très, très lente".
La NOAA et ses partenaires ont publié début 2017 un rapport faisant le point sur les perspectives d’élévation du niveau de la mer au niveau global et régional (en l’occurrence, les Etats-Unis). Se basant sur les toutes dernières études publiées, le bilan de la NOAA revoit à la hausse ses dernières prévisions de 2012, tablant dans le pire des cas sur une augmentation moyenne globale de 2,5 mètres en 2100. Ce qui aura aussi un impact au niveau régional.
Il a été déterminé que la hausse du niveau de la mer n’était que de 1,1 mm par an avant 1990, avant de passer à 3,1 mm par an en 2012. Selon la dernière estimation de la Nasa, l’accroissement actuel est même de 3,4 mm par an. ( ce qui fait 1.1cm tous les 3 ans, 3 cm dans les prochains 10 ans)
3) Les prévisions actualisées du GIEC
Selon le dernier rapport (le 4ème) du GIEC(groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) publié en octobre 2019, la hausse du niveau des mers est évaluée à 43 centimètres d'ici à 2100. Celà pourrait déplacer à terme 280 millions de personnes.
Cette prévision dans l'hypothèse très optimiste d'un réchauffement climatique limité à 2°C. Or , il serait plus probable, au vu des faibles avancées des engagements de diminution de CO2 entres autres, que le réchauffement climatique atteigne entre 3° et 4°C. Et dans cette hypothèse , la hausse des mers atteindrait 80cm!.
Plusieurs grandes villes pourront être ainsi inondées dès 2050, New-York, Shanghai, les villes du delta du Rhin.
Quelques scénarios du GIEC
4) Des millions de personnes déplacées
La montée des eaux, du niveau des mers et des océans n'est pas qu'une question de géographie et de plages inaccessibles, c'est surtout une menace pour l'habitat de dizaines de millions de personnes, voire davantage : on estime que 40% de l'humanité vit à moins de 100 kilomètres d'une mer ou d'un océan.
Les premiers touchés seront les habitants des îles. Les Maldives, par exemple, dont les quelques 400.000 habitants vivent à peine plus d'un mètre au-dessus du niveau de l'océan Indien. Les populations côtières sont également en danger : moins de 60 cm de montée des eaux pourrait déplacer 3,8 millions de personnes dans le delta du Nil, et 1,5m d'augmentation menacerait 17 millions d'habitants au Bangladesh.
Sans être forcément sous l'eau, des villes et villages côtiers peuvent être beaucoup plus vulnérables aux inondations et les zones touchées par les tempêtes deviennent plus grandes. L'érosion des côtes sera également amplifiée par l'élévation du niveau marin. L'infiltration d'eau salée dans les nappes phréatiques peut également mettre en danger des approvisionnements en eau potable ainsi que les écosystèmes proches de la côte.
Les grandes villes côtières sont aussi à risque : l'élévation du niveau des océans pourrait notamment toucher Londres, Amsterdam, New York, la Nouvelle-Orléans, Miami et de nombreuses métropoles d'Asie.
5) La montée des eaux en France ?
Dans l'hypothèse du scénario du GIEC le plus pire, le RCP 8.5 , scénario qui devient au fil des années le plus réaliste puisque rien n'avance concrètement pour diminuer les effets de serre , on a la carte suivante ou la montée des eaux pourrait être significative en 2100
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Entre 2010 et 2100, les risques de montée des eaux |
Quelles pourraient être les villes et les régions les plus touchées :
Dieppe
Nantes
Bayonne
St Nazaire
St Malo
Brest
Dunkerque
Pour en savoir plus, Planète Echos.fr
Le littoral français de plus en plus menacé par la montée des eaux
Libération.fr : Montée des eaux, la France littoralement menaçée
6) Les iles menacées par la montée des eaux (iles du Pacifique)
- Les Maldives (80% des 1200 iles Maldives disparaitront des eaux d'ici 2100- 400 000 habitants)
- Les iles Carteret (Papouasie Nouvelle Guinée) ont déjà disparu de plus de moitié. Ce sont véritablement les premières iles victimes du réchauffement climatique et de la montée des eaux. Journal International de mars 2015
- Ile de Tuvalu(Polynésie)
- L'ilot Bikeman au sud de Tarawa
- L'atoll de Tarawa (iles pacifiques des Kiribati)
- Ile capitale de Tarawa
- Iles pacifiques des Kiribati (32 ilots des Kiribati ont déjà disparu. Le processus est sérieusement en marche. Il concerne 110 000 habitants)
- Iles pacifiques de Kiritimati
- Ile pacifique du Vanuatu
Article du Figaro , sur la COP 22 et la menace de disparition de certaines iles du Pacifique
7) Les iles françaises (Caraïbes et Polynésie) aussi
D'ici 2090, la mer pourrait pénétrer sur plusieurs dizaines voire centaines de mètres sur les littoraux les plus plats. La Martinique pourrait perdre 5% de sa superficie. La commune de la côte Atlantique, Le François, pourrait être en partie submergée d'ici 2100.
Idem sur le Pacifique, ou sur les 120 iles prévues d'être submergées, 30% seraient en Nouvelle Calédonie et 30% en Polynésie Française.
Des plages qui disparaissent... C'est le fruit de la montée des eaux et de l'érosion des côtes, des phénomènes aggravés par la main de l'homme. Le fragile équilibre protecteur des littoraux a été rompu par l'urbanisation, l'extraction du sable pour le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) et les ports. Le prélèvement de sédiments dans le lit des rivières par les carriers a aussi rompu le rechargement naturel des plages.
Même l'industrie touristique est pointée du doigt. Des plantes capables de stabiliser le sable ont été arrachées au profit des cocotiers. Des choix qui obligent les hommes à se replier vers l'intérieur des terres. La commune du Prêcheur en Martinique est déjà concernée. Certaines populations devront même quitter leur région selon certains spécialistes.