L' Arabie Saoudite, ami ou ennemi

Publié le par TT

Le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat de son pays à Istanbul avait eu un impact retentissant au sein des pays occidentaux. L'Arabie Saoudite a toujours été un allier pour les occidentaux, Etats-Unis et Europe, entre autres, ce qui a permis de stabiliser une région toujours sensible. Rompre avec ce partenaire, c’est risquer, pour les Occidentaux, de déstabiliser une région hautement stratégique tant pour l’économie mondiale que sur le plan géopolitique.

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1) L'Arabie Saoudite dès 1932  à 1970

a) Un pays autonome dès 1932

A la fin de la 1ère guerre mondiale,en 1918,  les britanniques sont devenus la principale puissance coloniale de la région. Mais ce morceau de désert ne les intéressait pas, il n'y avait pas de pétrole. Les Wahhabites se sont donc étendus pour faire croitre l'Islam Sunnite dans toute la région. Ils iront même jusqu'à défier les Britanniques qui n'était pas du gout des princes Saouds.Ces derniers ont donc repris le pouvoir pour un pays en pleine autonomie. 

b) La découverte de pétrole dès 1934

Les premiers puits de pétrole sont construits et l'exploration de pétrole ne va pas cesser de progresser dans le pays.
Beaucoup plus tard, vers 1938, la prospérité du royaume fut liée à l'exploitation du pétrole et avait fait de cet État l'un des plus puissants du Moyen-Orient.

c) L'alliance avec les Etats-Unis

En 1945, l'Arabie Saoudite devient l'alliée de l'occident. A la fin de la 2ème guerre mondiale, le président américain Roosevelt veut un accès total et exclusif au pétrole saoudien. Un pacte est conclus entre les deux pays.
Abdelaziz ibn Saoud obtient des Etats-Unis qu'il ne protège pas seulement son royaume mais aussi sa dynastie. Fort de cette alliance, les Saoud ne développeront jamais leurs forces armées.
L'Arabie saoudite dans l'orbite économique et désormais sous la protection militaire américaine, cède l’exploitation de ses ressources pétrolières aux États-Unis. La même année, elle devient membre de l’Organisation des Nations unies et de la Ligue arabe. Officiellement, pendant la Seconde Guerre mondiale, Ibn Saoud prend une position neutre. Toutefois, on le juge favorable aux Alliés

d) L'Egypte, l'ennemi 

Très vite les liens entre l'Arabie Saoudite et l'Occident se resserrent quand ils se découvrent un ennemi commun : Nasser le président Egyptien.
En pleine guerre froide, Nasser s'allie avec l'URSS et devient l'ennemi de l'occident, l'Egypte étant le pays le plus puissant du moyen orient.
Nasser est laïc, il est le grand ennemi de l'Arabie saoudite. Il appelle les peuples arabes à sortir de l'esclavage religieux, il appellera ce mouvement le panarabisme.
L'influence de Nasser fait que plusieurs monarchies arabes tombent suite à des manifestations et des mouvements de grande ampleur
L'Arabie Saoudite va offrir l'asile aux principaux opposants à Nasser, les frères musulmans entres autres s'appuyant sur leur ferveur, une ferveur pour le retour à l'islam, pour contrer le panarabisme de Nasser.
En 1950, nait le panislamisme dans l'objectif de rassembler tous les musulmans.
L'Arabie saoudite veut être le leader du monde musulman. Le pays devient un pole d'attraction au sein du peuple musulman.


2) Le 1er choc pétrolier

a) L'embargo pétrolier en 1973 après les victoires d'Israêl sur le monde arabe

Tout se joue en 1973, ou l'Arabie saoudite va géopolitiquement devenir une nation de 1er plan.
5 ans après la guerre des 6 jours, Israel inflige une nouvelle défaite humiliante aux armées arabes. L'Arabie saoudite a soutenu la cause palestinienne, cette fois elle va utiliser son arme la plus redoutable.
Avec les pays producteurs de pétrole, elle va établir un embargo aux pays qui soutiennent Israel. Les prix du pétrole avaient explosé.
En 1973, l'Arabie saoudite a couté plusieurs milliards de dollars à l'économie américaine. La croissance des USA avait chuté de 3%.

b) La réaction des USA

Après l'embargo, les USA se fâchent et leur pacte a volé en éclat. Les USA veulent reprendre le contrôle des puits de pétroles en Arabie saoudite.
Après plusieurs discussions, l'AS lève l'embargo et le président Nixon reconnait qu'il faudra trouver un compromis de paix entre Israël et les nations arabes.
L'Arabie saoudite est le seul pays à avoir fait plier les USA. A la fin de l'embargo, les revenus du pays sont multipliés par 4.
Les Saouds vont racheter l'ARAMCO, la compagnie américaine qui exploitait leur pétrole.
En 1974, TOTAL fait son entrée en Arabie saoudite.
La France était le seul pays occidental épargné par l'embargo. Elle avait eu une position neutre sur le conflit israélo-arabe.


3) 1979 - la révolution Iranienne

a) Le renversement du Shah d'Iran

En 1979, les mouvements contestataires sont nombreux dans le monde arabe . l'exemple criant, en Iran ou le Shah, monarque absolu, est renversé, et repris par l'ayatollah Khomeini qui instaure une république islamique. Son régime est anti occidental. Très vite, il appelle les musulmans à renverser les régimes autoritaires et monarchiques.
La famille saoudienne va donc se sentir en danger. La volonté de de L'Iran sera d'exporter sa révolution islamique.
En 1979, la tension qu'il y avait avec l'Arabie Saoudite s'était détournée vers l'Iran.
En fait, après les illusions, les désillusions car l'Iran avait produit une version chiite de l'Arabie saoudite. Finalement L'Iran et l'Arabie Saoudite étaient deux états extrémistes.

b) Les tensions augmentent dans la région

Les chiites sont majoritaires en Iran. L'Arabie Saoudite n'aura de cesse de les désigner comme de faux musulmans.
L'Arabie Saoudite sait que la révolution iranienne ne peut pas s'exporter dans son pays car ils sont majoritairement sunnites.
C'est Saddam Hussein qui se charge de contenir la menace Iranienne.
Le président irakien déclare la guerre à l'Iran. L'occident lui fournit des armes, la France en particulier.
Jamais les intérêts occidentaux et saoudiens n'ont été proches en ce début des années 80.
Les liens se nouent encore plus autour de l'Afghanistan. Les soviétiques occupent le pays. Il y ont installé un pouvoir communiste. Ils sont aux portes du Moyen Orient.
L'Arabie Saoudite va fournir une arme idéologique redoutable, le Djihad en sommeil.

 

c) La menace communiste

Depuis les années 20 et la création du royaume, les saoudiens les plus radicaux sont envoyés à des milliers de kilomètres du royaume, pour créer des mosquées entre autre.
Le prince sultan, alors ministre de la défense en 1980, déclarait que pour tout saoudien volontaire qui ira combattre en Afghanistan, paiera 75% du billet d'avion de sa poche.
Les Wahhabites soutiendront le djihad à contrecoeur car l'islam d'Afghanistan n'est pas le même.
La cause Afghane grandit. Les musulmans du monde entier rejoignent le Pakistan puis l'Afghanistan
20000 musulmans venant de partout étaient partis combattre. Face à l'afflux de volontaires, il fallait faire le tri.
3 hommes ont organisé la guerre en Afghanistan Abdallah Azzam, Oussama Ben Laden et eman azainouari. Ils ont rassemblé les vrais combattants et ont appelé ce groupe "Al-Qaïda" en 1987 ce qui veut dire "la base"

d) La victoire des saouds

Les Saouds vont réussir l'exploit d'être à la fois le meilleur ami de l'occident et le chef de file de la mouvance islamiste radicale.
En 1989, l'URSS se retire de l'Afghanistan. tandis que l'Iran sort de 8 ans de guerre contre l'Irak. L'Iran n'est plus une menace pour le royaume.
l'Arabie saoudite triomphe et sa version de l'islam grandit .
Les prêcheurs saoudiens, à l'aide des satellites, envahissent les ondes aux 4 coins de la planète. Plus rien n'arretera la machine.
Aujourd'hui les saoudiens ne sont pas les seuls portes voix du salafisme. Depuis les années 60, plus de 45000 étrangers ont étudié la religion en Arabie saoudite. Ils prêchent le salafisme dans toutes les langues.


4) 1990 - L'Irak attaque le Koweit

a) L'Arabie Saoudite a peur que l'Irak l'attaque aussi

Pour le royaume tout va basculer en 1990.
Saddam Hussein est écrasé de dettes après sa longue guerre avec l'Iran. L'AS et le Koweit refusent de les effacer.
Le dictateur envahit le Koweit. L'AS pourrait être sa prochaine cible. La famille royale panique.
Tous les médias saoudiens ont passé sous silence l'invasion du Koweit par l'Irak. Oussama Ben Laden de retour en AS vient au secours du royaume.
Revenu d'Afghanistan en héros, il assure qu'il peut rassembler des groupes de djihadistes. Mais l'état Saoudien n'ayant pas besoin de djihadistes n'a pas répondu à son appel et il s'est senti humilié par cette réponse.
Il lui faut une coalition mondiale. En tout 34 pays coalisés.
Plus d'un million de militaires s'installent en Arabie saoudite.

b) Contestation d'une partie de la population saoudienne

A partir de 1990 , il y a un eu des mouvements contestataires envers le royaume , ces mouvements se sont installés dans les mosquées pour se rencontrer et se renforcer. Le royaume était de plus en plus contesté. Le fait même d'accepter que les américains viennent s'installer dans leurs pays et prendre le contrôle du golfe est un signe de faiblesse du royaume.
Des centaines d'islamistes sont emprisonnés. Ben Laden doit fuir l'Arabie saoudite, il se réfugie au Soudan puis retourne en Afghanistan.
L'Arabie saoudite combat un pays arabe avec l'aide de l'occident. C'est l'indignation totale. Celà provoque une rupture entre l'Arabie saoudite et ses amis islamistes.
Les frères musulmans dénoncent l'intervention étrangère. Pour les plus radicaux, les dirigeants saoudiens sont des traitres vendus à l'occident.
Les arguments des djihadistes étant que l'occident, les USA, la Grande Bretagne , la France et d'autres pays voulaient le pétrole du moyen orient.


5) La stratégie manquée d'Oussama Ben Laden

a) Les attentats du 11 septembre

11 septembre 2001. 15 des 19 terroristes sont des terroristes saoudiens comme le commanditaire des attentats, Oussama ben Laden.
Ben Laden voulait provoquer une rupture entre l'AS et les USA c'est pourquoi il a choisi dans son équipe majoritairement des saoudiens. Il voulait créer une situation embarrassante pour les saoudiens.
Les saoudiens ne sont pas responsables du 11 septembre. Les dirigeants saoudiens n'étaient pas derrière ces attaques.
Mais suite à 2001, le monde découvre, abasourdi, l'étendue du réseau tissé par le royaume et ses organisations caritatives, alimentées par l'argent des princes, des riches hommes d'affaires, et par l'argent récolté dans les mosquées.
Ils ont soutenu les bosniaques, les palestiniens, le Kossovo, la Tchéchénie. Depuis longtemps, l'AS soutient des causes islamiques. Et certaines de ces causes se sont transformées en entreprises terroristes.
Al Haramain islamic foundation est pointée du doigt. Elle se présente comme une organisation humanitaire qui promeut l'éducation. 13 de ses branches à l'étranger ont été placées par les nations unies sur la liste des entités liées à Al-Qaïda.
L'AS ne nie pas ses accusations et promet de faire fermer les organisation incriminées.
Et celà va conforter Washington et donc la stratégie de Ben Laden a échoué.
Le 11 septembre n'a pas poussé l'AS et les USA au divorce.
La stratégie de G.Bush , faire tomber des dictatures, imposer la démocratie, et ainsi anéantir le terrorisme.
Sa première cible est le régime des talibans en Afghanistan.
Ben Laden n'en a pas fini avec le régime saoudien. Il veut sa chute.

b) L'Arabie Saoudite victime d'attentats terroristes

2 ans après le 11 septembre Ben Laden commandite une série d'attentats dans le royaume. Plus de 20 attaques en 3 ans.
Le royaume est en guerre contre ces groupes terroristes qui a compris des 2003 que le danger du terrorisme se trouvait chez eux. Ils ont tout remis en question : les manuels scolaires, les médias, l'organisation dans les mosquées,
Les responsables religieux et les Oulémas ont émis des fatwas contre les terroristes.
A partir de 2003, toute référence au djihad est sanctionné. Les oulemas qui franchisent la ligne rouge sont arrétés.
l'establishment religieux revoit son discours.
L'Arabie saoudite combat Al-Qaïda, l'état islamique. Les deux dernières attaques d'Al-Qaïda planifiées sur le sol américain, ont été déjouées grâce aux services de renseignement saoudiens.
La coopération qui s'engage avec l'occident sur le plan du renseignement aurait pu être une réponse efficace au djihadisme. Mais G Bush. en 2003 s'apprête à déclencher la guerre contre l'Irak.
Les USA renversent Saddam Hussein et inverse le rapport des forces en Irak. Le pays était tenu par un régime Sunnite. Il passe aux mains d'un pouvoir chiite.
C'est un bouleversement majeur aux yeux des saoudiens. Pour eux l'Irak est passé sous l'influence de l'Iran.

c) Une domination chiite se dessine dans la région

L'Arabie Saoudite voit se dessiner un arc chiite à ses frontières. L'Iran, l'Irak, la Syrie ou Bachar el Assad est un allié de l'Iran, tout comme le parti Esbollah au Liban.
L'Arabie saoudite se sent encerclé.
Pour se maintenir elle doit renforcer l'axe sunnite dans la région. Elle peut compter sur des alliés fiables. Mais ils vont tous être déstabilisés par les printemps arabes de 2011.
L'AS va tout faire pour écraser les révolutions. A Bahrein elle va soutenir le pouvoir sunnite qui risque d'être renversé par une révolution chiite.
En Egypte, elle soutient un coup d'état. Les printemps arabes ont porté au pouvoir les frères musulmans, l'ennemi des Saouds. Ils encouragent le maréchal Sissi à prendre le pouvoir par la force,
l'AS ne va soutenir qu'une seule révolution, en Syrie. Si Bachar el Assad, tombe l'axe chiite se brise.
Mais les USA et la GB, refusent d'intervenir militairement en Syrie après le gazage de la bande de Damas.
L'administration Obama estime que les interventions américaines en Afghanistan et en Irak ont été un fiasco.
L'Arabie saoudite est la cause de l'intolérance dans le monde sunnite qui a contribué à créer Al Qaïda, et des groupes similaires.
Plus tard, les USA tendent la main à l'Iran, et un 1er accord est signé sur le nucléaire iranien.
L'Iran va faire son retour sur la scène internationale.
Face à la menace iranienne, l'AS redouble d'efforts sur le front syrien. Ils sont prêts à soutenir des groupes terroristes pour destabiliser Bachar el Assad.
Certains groupes financés par l'AS combattent aux cotés d'Al-QAida.
Aujourd'hui plus que jamais, alimenter le djihadisme peut être un piège pour le royaume. L'état islamique revendique lui aussi le salafisme. L'Arabie saoudite n'a plus le monopole.


6) Les Saouds plus autoritaires dans une économie chancelante

a) Le contrôle de sa population

L'Arabie saoudite, c'est  30 millions d'habitants, hyper connectés. Vont ils se satisfaire de cette liberté à minima que leur impose les Saouds.

Hisham Fageeh, no woman, no drive pour soutenir les revendications des Saoudiennes, qui veulent obtenir le droit de conduire.

Les saoudiens sont très actifs et engagés sur les réseaux sociaux. Mais le gouvernement ne veut pas que sa population soit organisée mais plutôt atomisée pour pouvoir mieux la contrôler.
Les rois Saouds veulent conserver la pleine autorité sur sa population et les mouvements contestataires.

b) Le rêve saoudien est terminé

Le roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud quand il arrive sur le trône en 2015, confirme la ligne dure du pouvoir. Il la renforce. Cette année là 146 personnes sont exécutées, deux fois plus que l'année précédente.
L'occident ne veut plus que le saouds continuent de financer les mosquées dans lesquelles Al-Qaïda prospère.
En mars 2015, l'AS rassemble une coalition de pays sunnites et bombarde le Yemen.
Le roi est convaincu que l'Iran soutient un groupe rebelle qui veut s'emparer de la capitale du Yemen. Les avions de la coalition frappent le pays le plus pauvre de la région, les hôpitaux, les marchés, les écoles.
Malgré l'aide des USA, la guerre au Yemen est un bourbier dans lequel l'AS s'enlise.
Ce conflit creuse les déficits en Arabie saoudite. En un an 16% des réserves du royaume ont fondu alors que la situation économique est alarmante. 
Le royaume de l'or noir est en train de devenir un pays comme les autres. Plusieurs millions de personnes y vivent sous le seuil de pauvreté. Le chômage touche un jeune sur trois. (30% de chômage)
Les prix du pétrole se sont effondrés. L'état ne peut plus embaucher tout le monde. La population saoudienne double tous les 20 ans.
Il faut créer une nouvelle culture du travail, une partie de la population ayant profité pendant longtemps des richesses du pays.
Le rêve saoudien est terminé, les subventions sur l'eau ont été réduites, et l'état va mettre en place des nouveaux impôts.
L'Arabie saoudite a annoncé la vente de l'ARAMCO, sa compagnie pétrolière. Grace aux bénéfices engendrés, 2000 milliards de dollars, elle deviendrait le 1er investisseur au monde et reconstituerait sa fortune en achetant des parts dans les grandes entreprises étrangères.
l'AS reste un allié incontournable pour les occidentaux.
Dans le chaos qui règne au moyen Orient, le royaume des saouds reste un allié de poids fidèle à l'occident.

l'OPEP controle le prix du baril

 


7) Indicateurs économiques

population: 37 millions en 2023 (33 millions en 2017)
PIB par habitant : 32586 € / habitant en 2023 (23540 €/ habitant en 2017)- en France 46315€/habitant.
Croissance PIB : 2023 +0.8% , 2018 +2.4%
Dette publique : 25.9% du PIB en 2023

a) Une croissance en berne

En 2023, l’Arabie saoudite a réalisé la plus mauvaise performance des pays du G20, après l’Argentine, un pays toujours englué dans la crise de la dette. Quel contraste avec 2022.
Sa croissance avait bondi de 9%, c’était alors le champion de la classe G20. C'était quand le pétrole caracolait sur les cimes, avec une moyenne supérieure à 100 dollars le baril, à cause de la guerre en Ukraine. En 2023, cette moyenne tombe brutalement à 87 dollars. Et immédiatement l’économie du royaume se contracte.
Les années se suivent et se ressemblent dans la pétromonarchie : plus sa production pétrolière est forte, plus sa croissance est robuste, les deux courbes sont toujours jumelles. Or, en 2023, le ténor de l’Opep a drastiquement réduit sa production, comme les autres membres du cartel l'ont fait sous son impulsion, dans l’espoir de ranimer la flambée du brut. Car pour équilibrer ses comptes et financer les projets de la vision 2030 du prince Mohammed ben Salman, l'Arabie saoudite a besoin d'un baril à 108 dollars.
Mais cet objectif est resté hors d'atteinte en 2023. Parce que la demande a faibli et surtout parce que l'offre supplémentaire, en provenance des États-Unis, du Brésil et du Guyana, a compensé largement le ralentissement du débit de l'Opep. Le pays le plus riche du Golfe connait donc une récession technique, et probablement passagère, téléguidée par le secteur pétrolier.
C'est encore le pétrole qui finance la transformation de l'économie. Le gouvernement possède 90% des actions d’Aramco, la société nationale qui exploite le pétrole. La première société cotée au monde avec une capitalisation de 2 000 milliards de dollars est la poule aux œufs d’or du royaume.
Une entreprise qui distribue des dividendes faramineux, même quand les cours sont décevants comme c'était le cas en 2023. Les dividendes ont été de 29 milliards de dollars au deuxième trimestre, puis au troisième trimestre. De quoi financer et le déficit public et une partie des investissements.

b) le pétrole

L'Arabie saoudite a enregistré des recettes pétrolières records de 326 milliards de dollars en 2022, malgré une baisse des revenus mensuels ces derniers mois en raison de la chute des prix du pétrole à environ 80 dollars le baril fin 2022.

Cours du baril de pétrole

mois/année cours mois/année cours
Février 2024 83.5 mars 2022 117.0
Décembre 2023 77.8 décembre 2021 74.4
Septembre 2023 93.5 décembre 2020 50.0
Avril 2023 84.7 décembre 2019 67.2
Décembre 2022 81.0 décembre 2018 56.5
Juin 2022 122.0 décembre 2017 64.4

Les prix du pétrole avaient bondi en mars 2022 après l'annonce surprise par plusieurs grands pays exportateurs (L'Irak, l'Algérie, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Oman et le Koweït) d'une réduction dès mai de leur production, présentée comme une "mesure de précaution" pour stabiliser le marché.

c) La modernisation du pays

L'Arab


8) Une normalisation possible entre Israël et l'Arabie Saoudite

a) Le 11 septembre 2023

Pour la première fois, une délégation israélienne s’est rendue officiellement à Riyad le 11 septembre. En coulisses, l’Arabie saoudite et Israël procèdent à une normalisation de leurs relations que peu auraient imaginée il y a peu. Avec des conséquences immenses. L'Arabie saoudite et Israël se « rapprochent » d'un accord de normalisation de leurs relations, qui serait historique, a déclaré mercredi 20 septembre le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane dans une interview à une télévision américaine

b) Pourquoi un tel rapprochement ?

Un rapprochement potentiel entre Israël et l'Arabie saoudite est un sujet complexe et dépend de plusieurs facteurs géopolitiques, économiques et géostratégiques.

Voici quelques-unes des raisons possibles pour lesquelles un rapprochement entre Israël et l'Arabie saoudite est envisagé :
=> Menace commune : Les deux pays partagent des préoccupations concernant l'Iran, qui est considéré comme une menace régionale par Israël et l'Arabie saoudite en raison de ses activités nucléaires, de son soutien à des groupes militants et de son influence régionale croissante.
=> Économie et technologie : La normalisation des relations avec Israël pourrait permettre à l'Arabie saoudite d'accéder à la technologie de pointe et à l'expertise israélienne dans des domaines tels que la cybersécurité, les sciences de la santé et les énergies renouvelables, ce qui pourrait bénéficier à l'économie saoudienne.
=> Pression internationale : Les États-Unis et d'autres pays occidentaux ont encouragé la normalisation des relations entre Israël et les pays arabes, ce qui pourrait inciter l'Arabie saoudite à envisager un rapprochement pour renforcer ses relations avec les États-Unis et d'autres alliés.
=> Évolution des attitudes publiques : Les attitudes envers Israël évoluent au sein de certains pays arabes, notamment en raison de la perception que la question palestinienne perd de l'importance relative par rapport à d'autres défis régionaux. Cela pourrait rendre plus acceptable politiquement pour l'Arabie saoudite d'envisager une normalisation.

Cependant, il est important de noter que la normalisation des relations entre Israël et l'Arabie saoudite reste un sujet hautement sensible et controversé au sein du monde arabe et musulman, en particulier en raison de la question palestinienne.

Réussir un rapprochement entre l'Arabie saoudite et Israël aurait un impact profond au Moyen-Orient, a estimé mercredi le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, dans une interview avec la chaîne ABC. Cela aurait un « effet puissant sur la stabilisation de la région, sur l'intégration de la région, sur le fait de rassembler les peuples », a dit Antony Blinken.

c) La normalisation d'Israël avec d'autres nations arabes

Israël a déjà normalisé ses relations avec cinq pays arabes : Bahreïn, l'Égypte, la Jordanie, le Maroc et les Émirats arabes unis. Interrogé par ailleurs sur la perspective que l'Iran se dote de l'arme nucléaire, le prince héritier, qui dirige de facto le royaume saoudien, a averti que l'Arabie serait alors contrainte de faire de même.

Publié dans Geopolitique

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