La palestine des origines jusqu'en 1892 - 1ère partie

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La Palestine est une région du Moyen-Orient qui a une histoire complexe et qui a été au centre de nombreux conflits politiques et territoriaux. La question de la Palestine est principalement liée au conflit israélo-palestinien, qui trouve ses racines dans la création de l'État d'Israël en 1948. Avant la création de l'État d'Israël, la région était connue sous le nom de Palestine sous le mandat britannique. Cet article décrit l'histoire de ce territoire avant le mandat britannique. L'histoire de la Palestine à nos jours fera finalement l'objet de 4 articles.

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Le territoire de la Palestine a fait l'objet durant les 3 premiers millénaires de conquêtes diverses, Egyptienne, Assyrienne, Babylonienne, Grecque, Romaine,Arabe,Turque,  "religieuse"et plus encore. Les juifs nés en Palestine ont souvent été exilés de leurs terres ou se sont enfuis suite aux différents conflits. La Palestine a donc été habitée par tous les peuples conquérants, ce qui a eu pour conséquence, de générations en générations, d'être un territoire avec une grande mixité de population. Ce fut le cas à l'aube du 20ème siècle, après 3 millénaires d'histoire mouvementée.


1- Synthèse : de 580avJC à 1892

L'histoire de la Palestine est complexe et marquée par des changements politiques, sociaux et religieux significatifs. Avant de les parcourir en détail des chapitres 2 à 8, voici une vue d'ensemble de quelques-uns des événements clés au cours de cette période :

-586 : Dispersion des Juifs palestiniens par Nabuchodonosor II (roi babylonien).
-538 : Après la prise de Babylone par les Perses, l’empereur Cyrus II libère les Juifs et autorise ceux qui le veulent à retourner en Palestine.
-65 : La Palestine est conquise par les Romains.
0 : Début de l’ère chrétienne  La population de Palestine est composée en majorité d’habitants d’origine grecque, en partie judaïsés, d’un tiers de juifs autochtones et de quelques groupes de Nabatéens.
60 ap. J.-C. à 600 ap. J.-C. : Période byzantine La Palestine fait partie de l'Empire romain jusqu'à la conquête musulmane au VIIe siècle. Sous la domination byzantine, la région est le théâtre de conflits religieux, y compris les querelles entre les chrétiens et les Juifs.
VIIe siècle : Conquête musulmane En 636, les forces musulmanes, dirigées par le calife Omar, conquièrent la Palestine. Cette période voit une coexistence relativement pacifique entre musulmans, chrétiens et juifs.
XIe siècle : Les Croisades La Palestine devient le champ de bataille des Croisades, une série de guerres entre les chrétiens européens et les musulmans pour le contrôle de la Terre sainte. Jérusalem est capturée par les Croisés en 1099.
XIIIe siècle : La reconquête musulmane Sous la direction de Salah al-Din (Saladin), les forces musulmanes reprennent Jérusalem en 1187, mettant fin à la domination des Croisés dans la région.
XVIe siècle : L'Empire ottoman La Palestine devient une partie de l'Empire ottoman en 1517, où elle reste sous domination ottomane jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale. La société palestinienne de cette époque est caractérisée par une diversité religieuse et ethnique, comprenant des musulmans, des chrétiens et des Juifs.
XIXe siècle : Les débuts du sionisme Au XIXe siècle, le sionisme, un mouvement politique visant à établir un État juif en Palestine, prend de l'ampleur en Europe. Les colons juifs commencent à s'installer en Palestine, ce qui crée des tensions avec la population arabe locale.


2- La Palestine au 2ème millénaire (1000avJC-63avJC)

a) La Palestine à l'origine

Le nom «Israël» est un nom biblique attribué à Jacob, petit-fils d’Abraham. Ses descendants sont appelés les «enfants d’Israël» ou «Israélites». Ce n’est donc pas un pays à l’origine. Il l’est devenu après avec Eretz Israel, devenu ensuite «Terre promise». Géographiquement, selon les archéologues et les historiens, ce territoire était celui des Philistins, les peuples de la mer. Selon la narration biblique, les Israélites avaient quitté la Philistine, où ils vivaient dans la misère, pour rejoindre la riche Égypte où les a déjà devancés Joseph. Après la mort de celui-ci et le changement de pharaon, les Israélites ont été asservis par les Égyptiens pendant plusieurs siècles, jusqu’à la venue de Moïse qui les ramena au pays de Canaan, autre nom biblique de la «Terre promise» par Dieu à Abraham.

b) La Palestine au temps des rois Saül, David et Salomon - 1020 - 925 avJC

Les 12 tribus, qui formaient jusqu’alors une confédération administrée par des juges, acceptent de se placer sous une autorité commune et l’établissement d’institutions monarchiques. Les tribus Israélites avaient dû alors affronter un adversaire beaucoup plus redoutable que les petits royaumes cananéens, à savoir le peuple des Philistins qui, venant de la mer, s’était établi sur la côte de la Palestine et, fort de la supériorité que lui conféraient ses armes en fer, avait conquis des territoires aux dépens des Israélites.
La majeure partie du règne de Saül est consacrée à lutter contre les
Philistins. Il finit par être vaincu et tué par eux et sa famille ne parvient pas à se maintenir au pouvoir.
David, qui aurait régné de.1005 à 970 avant J.-C. achève d’unifier politiquement la Palestine en réduisant systématiquement les enclaves cananéennes encore indépendantes. L’épisode le plus célèbre est la prise de Jérusalem dont David fait la capitale politique et religieuse de son royaume. Il entreprend ensuite de soumettre les peuples voisins de la Palestine, vivant à l’Est du Jourdain, et d’imposer son autorité aux principautés araméennes situées au Nord-Est de son royaume. A sa mort, ce royaume s’étendait, dit-on, du Sinaï au cours de l’Euphrate.
En fin Salomon (970 - 931 avJC)  qui édifie à Jérusalem un Temple qui achève de faire de la ville le centre spirituel de l’ensemble du peuple d’Israël

La Palestine au temps du roi Salomon - Un royaume unifié. Seuls les territoires des philistins et des araméens n'étaiens pas inclus dans ce royaume unifié.

La Palestine au temps du roi Salomon - Un royaume unifié. Seuls les territoires des philistins et des araméens n'étaiens pas inclus dans ce royaume unifié.

c) La division du royaume unifié et les 1ères conquêtes ennemies Assyrien, Babylonien, perse, grec

L’unité du royaume ne survit pas à Salomon. L’Etat israélite se scinde en deux royaumes :
=>au Nord, celui d’Israël (au sens étroit du terme) dont la capitale est établie à Samarie
=> au Sud, celui de Juda qui conserve Jérusalem comme capitale.
La puissance montante à partir du IXe siècle avant J.-C. est l’Assyrie. Les souverains assyriens, après s’être rendus maîtres de l’ensemble de la Mésopotamie entament une expansion vers l’Ouest et soumettent à leur tutelle les royaumes de la région de Syrie-Palestine. Dès le milieu du IXe siècle avant J.-C., le royaume d’Israël doit payer tribut. Un de ses rois, ayant commis l’imprudence de s’allier à l’Egypte contre son suzerain, les Assyriens s’emparent de Samarie en 721 avant J.-C.... Le royaume est détruit.
Le royaume de Juda parvient à subsister encore pendant plus d’un siècle grâce à une politique plus prudente que celle du royaume frère du Nord. Mais en définitive le royaume de Juda connaît une évolution semblable à celle du royaume d’Israël. Il passe dès la fin du VIIIe siècle avant J.-C. sous la tutelle de l’empire assyrien, à laquelle succède par la suite celle de Babylone qui s’est substituée à l’Assyrie (suite à la destruction de Ninive dernier bastion Assyrien). Les troupes du roi de Babylone, Nabuchodonosor, s’emparent de Jérusalem en 587 avant J.-C. La ville est mise à sac, le Temple est détruit et une grande partie de la population est emmenée en captivité à Babylone. A partir de la fin du VIe siècle avant J.-C, l’exil à Babylone donne naissance à la diaspora israélite, d’abord en Mésopotamie, en Egypte également.
En 539 avant J-C. l’empire de Babylone est détruit par les Perses qui étendent leur domination jusqu’à la Méditerranée. Le roi de Perse, Cyrus, autorise les Israélites exilés à retourner à Jérusalem, à reconstruire le Temple et à écrire la Torah.
La Palestine fit partie pendant deux siècles de l’Empire Perse ; puis, conquise par Alexandre le Grand (332 avant J.-C.), elle appartient ensuite à l’une ou l’autre des monarchies hellénistiques qui se sont partagé l’empire du conquérant (mort très jeune à 32 ans). Soumise d’abord aux souverains Lagides d’Egypte (301), elle est ensuite conquise par les Séleucides (198 avant J.-C.)

 

La Judée indépendante en 160avJC . Tous les autres territoires sont sous territoire grec

La Judée indépendante en 160avJC . Tous les autres territoires sont sous territoire grec


3- La conquête romaine de 63avJC à 66 

a) La Palestine devient un territoire vassal de Rome

La Palestine, royaumes de Judée et d'Israël aux temps bibliques, a été conquise respectivement par les Babyloniens, les Perses et le Grecs jusqu'en 134avJC. On peut parler déjà de diaspora juive dès le 8ème siècle av JC. S'ensuit une période d'indépendance. Profitant des divisions entre les juifs, le général romain Pompée a conquis la Samarie et la Judée en 63 av. J.-C. Un protégé des Romains, Hérode, en profite pour liquider la dynastie des Asmonéens et devenir roi de Judée (ou pays des Juifs) en l'an 37 av. J.-C.
C'est à la fin du règne d'Hérode le Grand que naît Jésus-Christ à Bethléem, au sud de Jérusalem.
À la veille de sa mort, en l'an 4 av. J.-C., le roi de Judée partage son royaume entre trois de ses fils. Mais sa dynastie s'arrête dix ans plus tard, lorsqu'en l'an 6 de notre ère, l'empereur Auguste transforme la Judée en une province romaine gouvernée par un simple procurateur.

b) La Palestine une province romaine

Même s'ils sont décontenancés par les croyances monothéistes des habitants, les Romains laissent ceux-ci libres de s'organiser comme ils l'entendent sous l'autorité de leur Tribunal religieux, le Sanhédrin. En effet, l'attitude des Romains était faite en général de tolérance, ce qui veut dire que les Juifs étaient dispensés de devoir adhérer à la religion officielle de l'Etat romain. Rappelons-nous que, dans tous les pays pendant l'Antiquité, la religion et l'Etat étaient inséparables, et plus encore à Rome où l'on pratiquait le culte de l'Empereur, plus exactement son apothéose posthume.
Mais les Juifs ne manquent pas de se quereller et de se diviser sur la conduite à tenir vis-à-vis de l'occupant.
La Palestine au temps de Jésus


4- La Domination romaine de 66 à 324

a- 66 à 70, opérations romaines contre les juifs

La Guerre contre les juifs de 66 à 70
Les grands prêtres et le parti des Pharisiens s'accommodent de l'occupation étrangère tandis que dans les milieux populaires, la secte des Zélotes appelle à la résistance et veut hâter la réalisation des promesses divines.
C'est donc en 66 ap. J.-C., lors du prélèvement effectué sur le trésor du Temple, des émeutes éclatent attisées par les Zélotes. Elles constituent la Première révolte juive, de 66 à 70. Les Zélotes déclenchent une violente révolte, massacrent les grands prêtres et s'emparent de Jérusalem. Mais les Romains, sous la direction du général Vespasien,  envoyé par l'empereur Néron mènent la reconquête avec détermination.
Proclamé empereur en 70, le général Vespasien, confie à Titus son fils, la mission de terminer les opérations engagées contre les Juifs. Les bastions juifs tombent les uns après les autres, le Temple de Jérusalem, après plusieurs mois de siège en 70, est incendié, la forteresse de Massada est vaincue en 73. De nombreux juifs sont vendus comme esclaves.

Un résumé de cette période dans un film de 20mn

b- 72, construction de Flavia Neapolis

En 72 ap. J.-C., est fondée Flavia Neapolis, l'actuelle ville de Naplouse. La province est devenue indépendante de celle de Syrie et est régie par un légat. Elle se situe à environ deux kilomètres à l'est de la cité biblique de Sichem, première capitale du royaume d'Israël. Vespasien l'a fait construire à la place d'un ancien village samaritain dénommé Mabartha. Elle est peuplée d'anciens légionnaires romains qui reçoivent des parcelles à cultiver. L'empereur Hadrien y fait construire un grand théâtre pouvant accueillir sept mille spectateurs

c- 135, Jérusalem déclarée cité romaine

L’empereur Hadrien ordonne de rebâtir Jérusalem sous le nom d'Ælia Capitolina en l'honneur de Jupiter. En 135, les troupes romaines écrasent dans le sang une révolte menée par Shimon bar Kokhba. Jérusalem est rasée. Elle est déclarée cité romaine et interdite aux Juifs sous peine de mort. Le royaume de Judée est définitivement aboli et intégré dans une nouvelle province romaine nommée Syrie Palestine. Beaucoup de juifs émigrent dans la Galilée mais aussi dans le reste de l'Empire Romain. Pour supprimer toute allusion au peuplement juif de la Judée, les Romains utilisent le nom « Palaestina ». Les restes du Temple sont rasés pour laisser la place à un sanctuaire de Jupiter.

d- Les délimitations de la Palestine

Si le terme « Palestine » est attesté depuis le Ve siècle av. J.-C. par Hérodote, il est officiellement donné à la région par l'empereur Hadrien au IIe siècle, désireux de punir les Juifs de leur révolte en 132-135 ap. J.-C.
La zone n'est pas clairement définie. Elle est centrée sur les régions de la Galilée, de la Samarie et de la Judée. Ses limites sont au nord la Phénicie et le mont Liban et au sud la Philistie et l'Idumée. Le peuplement juif de la Palestine diminue sensiblement et ne couvre plus qu’inégalement le territoire. Les Juifs se regroupent notamment en Galilée qui a été épargnée par les troubles. Le reste de la population se compose de Samaritains, de Syriens, de Grecs et de tribus arabes. Les Arabes sont en effet présents dès le premier millénaire avant J.-C., aux confins de la Palestine, menant une existence nomade le long de la vallée du Jourdain. Des Etats arabes se sont constitués en Transjordanie et ont été soumis à l’autorité de Rome.On peut dire qu’à partir de 135 après J.-C., l’histoire du peuple Juif tend à se dissocier de plus en plus de celle de sa Terre d’origine.

La Palestine aux temps bibliques de l'AT (1ère carte) puis en 132 apJC (2ème carte)La Palestine aux temps bibliques de l'AT (1ère carte) puis en 132 apJC (2ème carte)

La Palestine aux temps bibliques de l'AT (1ère carte) puis en 132 apJC (2ème carte)


5- La période byzantine : 324 à 638
a) Statut moral de la Palestine

=> À partir du IIIe siècle, sous l’influence des chrétiens qui sont devenus de plus en plus puissants, surtout après l'adoption du christianisme par l’empereur Constantin Ier au IVe siècle, la Palestine prend un statut moral particulier en étant considérée comme Terre sainte.
=> Constantin et spécialement sa mère Hélène, qui vient en pèlerinage sur place, détruisent les sanctuaires païens établis sur les lieux saints et établissent des basiliques sur le site du Saint-Sépulcre et de la Nativité à Bethléem. D'autres basiliques et sanctuaires sont construits et le pèlerinage en Terre Sainte se développe, ainsi que le monachisme (saint Jérôme de Stridon se retire à Bethléem pour y traduire la Bible en latin : la Vulgate autour de 400apJC).
=> La Palestine byzantine connaît, comme le reste de la partie orientale de l'Empire, une floraison culturelle et économique alors même que l'Empire d'occident disparaît.
=> Les empereurs byzantins de Constantinople s'y intéressent de très près. Au VIe siècle, les chrétiens sont majoritaires en Palestine, aux côtés desquels on trouve une forte minorité juive, des Arabes païens et une petite communauté samaritaine.
=> Vers la fin du IVe siècle, Rabbi Mouna et Rabbi Yossi achèvent la compilation du Talmud de Jérusalem
=> En 425, l'empereur Théodose II supprime le patriarcat du Sanhédrin

La Palestine au 5ème siècle , période byzantine

La Palestine au 5ème siècle , période byzantine

b) La terre sainte

La Terre sainte est le territoire où pour les catholiques se déroule l’histoire sainte, notamment la vie de Jésus relatée par les Évangiles. Jésus étant considéré par tous les chrétiens comme le Messie annoncé par l'Ancien Testament, la Terre sainte s'identifie aussi à la terre promise des anciens Hébreux.
Les principaux lieux saints sont les territoires de la vie de Jésus : la Galilée, le lac de Tibériade, le mont Thabor, la vallée du Jourdain, ou le désert de Judée où il s'est retiré pendant quarante jours.

La Terre sainte correspond aujourd'hui géographiquement à :

La Terre sainte est toujours restée une destination de pèlerinage des chrétiens et aussi le lieu d'habitation permanent de communautés chrétiennes principalement palestiniennes, descendant des premières communautés ; elles sont de confession surtout orthodoxe de rite grec, mais aussi syriaque ou chaldéen, et aussi catholique, de rite latin, ou oriental. La communauté arménienne est historiquement et numériquement également importante.
Selon Maurice Halbwachs, la mémoire collective chrétienne s'est approprié la Terre sainte, notamment par la politique ecclésiastique et les pèlerins qui l'ont peuplée d’une topographie imaginaire, donnant à des lieux ou des traces archéologiques supposées une matérialité virtuelle aux différents épisodes des personnages et scènes bibliques


6- La période arabe (638 à 1096)

=> 638 : Le Calife Omar (634-644), conquiert les territoires de Syrie et la Judée. Jérusalem tombe après deux ans de siège. La cité de Jérusalem est un lieu sacré de l’islam, car selon les musulmans, Mahomet aurait été transporté, lors d’une nuit miraculeuse, de La Mecque à « la plus éloignée des mosquées ». Dans ce lieu — d'après la tradition musulmane — il a fait son ascension au paradis : c’est l’épisode du isra' (voyage nocturne) et du Mi’radj (ascension). Les Arabes autorisaient les Juifs et les Chrétiens à rester dans Jérusalem.
=> 691, La « Coupole du Rocher », l'un des plus beaux monuments de l’architecture islamique, est construite à Jérusalem, sur l'emplacement de l'ancien temple juif détruit par les romains.
=> 702 est construite la mosquée al-Aqsa, près du nouveau Dôme du Rocher. Salih ibn Ali, le Wali d’Égypte est nommé gouverneur de la Palestine, il sera confirmé par le nouveau Calife en 755.

Le géographe arabe al-Muqaddasi, né à Jérusalem en 942, définit la Palestine comme le territoire s’étendant de la plaine côtière à la steppe, à travers la montagne, puis la dépression du Jourdain.

=> 972, le calife Fatimides al-Mu'izz, (953-975), étendit son empire sur l’Égypte, la Palestine et une partie de la Syrie.
=> 1090 à 1272, les haschischins, secte politico-religieuse dissidente du courant ismaélien, font régner la terreur dans les États du Proche et du Moyen-Orient. Ils prônaient l’élimination physique des ennemis de la Vérité, et tuèrent de nombreux dignitaires Turcs seldjoukides, Abbassides, Sunnites, Fatimides et croisés chrétiens.


7- Le temps des croisades (1096 à 1244)

=> 1096 à 1099, première croisade des chrétiens en Terre sainte.
=> 1098, Jérusalem est prise par les Fatimides
=> , Jérusalem est prise par les Croisés, une grande partie des habitants musulmans et juifs sont massacrés. Les croisés considèrent les juifs comme un un peuple déicide qui a tué Jésus-Christ. Le royaume franc de Jérusalem est fondé, il va durer deux siècles. Godefroy de Bouillon (1061-1100) est proclamé roi.
=> , le roi Godefroy de Bouillon meurt tué par une flèche empoisonnée, selon le chroniqueur Ibn al-Qualanissi, alors qu’il dirigeait les opérations du siège d’Acre, mais selon les chroniqueurs francs il serait mort de la peste.
=> , bataille de Ramla, lors de laquelle, le nouveau roi Baudouin Ier, avec ses 260 chevaliers et son infanterie, écrase l’armée égyptienne.
=> Mars 1118 le roi Baudouin Ier part conquérir l’Égypte avec 216 chevaliers et 400 fantassins ; il traverse le Sinaï mais meurt de maladie à El-Arich le . Le nouveau roi est Baudouin, comte d’Édesse, sous le nom de Baudouin II. L’ordre des Pauvres Chevaliers du Christ est créé par les chevaliers Hugues de Payns et Godefroy de Saint-Omer, afin d’assurer la garde du défilé d'Athlit, le chemin d’accès le plus dangereux pour les pèlerins. Le nouveau roi de Jérusalem, Baudouin II, leur octroie une partie de son palais, à l’emplacement du Temple de Salomon.
En l’honneur de ce lieu hautement symbolique, ils prennent le nom d’ordre du Temple en 1119, créé avec sept autres chevaliers français : André de Montbard, Gondemare (pt), Godefroy, Roral, Payen de Montdésir, Geoffroy Bisol et Archambaud de Saint-Agnan. Jusqu’en 1291 et la chute de Saint-Jean-d'Acre, les Templiers vont gagner une aura très importante.
=> 1147 et 1148, désastreuse deuxième croisade qui finit par rejoindre Jérusalem.
À l’exception de l’époque de la désastreuse deuxième croisade, la Palestine connaissait depuis la mort du roi Baudouin Ier en 1118 des années de paix relative et de relation de bon voisinage entre chrétiens et musulmans. Beaucoup d’anciens croisés épousèrent des femmes arabes et adoptèrent nombre de coutumes orientales, et d’intenses échanges commerciaux se développèrent avec les ports italiens. Il n’y eut pas de conversion forcée au christianisme, mais des persécutions contre les Juifs qui choisirent l’exil en grand nombre et disparurent presque de Palestine.
=> 1180, le plus puissant seigneur du monde musulman était le sultan d’Égypte, Salâh al-Dîn, dit Saladin. Il dominait une grande partie du Levant et avait en général de bons rapports avec les chrétiens. Lors de la bataille de Hattin (Attîn), Saladin battit les chrétiens et finalement entra en vainqueur à Jérusalem en . Cet évènement dès qu’il fut connu en Europe entraîna l’appel à la troisième croisade.
=> En 1189, l’empereur Frédéric Barberousse, le roi de France Philippe Auguste et le roi d’Angleterre Richard Cœur de Lion, unirent leurs forces et formèrent une très importante armée, l’armée des Rois. Cependant Frédéric Barberousse se noya, et Philippe Auguste quitta la croisade après la prise de Saint-Jean-d'Acre. Resté seul, Richard Cœur de Lion accomplit des prodiges mais finalement, en 1192, avant de repartir, il négocia une trêve avec Saladin, aux termes de laquelle, Jérusalem restait définitivement aux mains de Saladin, les pèlerins chrétiens étaient autorisés à s’y rendre librement.

Avec la défaite des Croisés et la victoire de Saladin, la communauté juive redevint plus nombreuse, surtout dans les villes côtières.
=> En 1211-1212, 300 rabbins d'Europe émigrent en Palestine.
=> En 1228 et 1229, l’empereur germanique Frédéric II, excommunié, organisa sa propre croisade en Terre sainte, et obtint la restitution de Bethléem, de Nazareth et de Jérusalem.
=> En 1244, les musulmans reprennent définitivement Jérusalem.


8- La diaspora du peuple juif continue (1250-1515)

a) La Palestine Otomane

=> 1250, Après Saladin, aux XIIIe et XVIe siècles, les Mamelouks égyptiens, créés en 1230, prennent en 1250 le pouvoir en Égypte et contrôlent la Palestine. Durant cette période, la Palestine, accueille des réfugiés arabes chassés par l’avancée des Mongols sur l’Irak et la Syrie,
=> 1347, La peste noire accompagne des bateaux commerçants génois en provenance de Caffa . En 5 ans, la maladie se propage dans toute l'Europe et décime presque la moitié de la population. Une rumeur se diffuse accusant les juits d'avoir empoisonné les puits. Ils sont persécutés principalement sur l'axe Rhin Rhone puis progressivement expulsés. En Espagne la Reconquista se termine. Les rois catholiques imposent aux juifs de se convertir ou de partir. Une grande partie choisit le départ et va s'installer le long des côtes méditerranéennes et principalement dans l'empire Ottoman ou ils sont les bienvenus.
=> 1500, La Palestine Otomane accueille les réfugiés juifs chassés d’Espagne. Beaucoup d’entre eux s’installent en Afrique du nord et en Galilée, et vont être à l’origine du rayonnement intellectuel et religieux de la ville de Safed.

b) La Pologne - Lituanie

=> 1578 , La Pologne - Lituanie commence une politique d'accueil et devient un havre de paix pour les juifs en provenance de l'Europe de l'Ouest. Au 17ème siècle, ils y sont plus de 300 000 soit environ la moitié des juifs dans le monde.
=> 1648 , Tout bascule avec la révolte des paysans cosaques d'Ukraine contre la noblesse et les juifs à qui ils reprochent une relation privilégiée avec le pouvoir . Plus de 100 000 juifs sont massacrés ou fuient la région. Cet épisode va affaiblir la Pologne-Lituanie qui se retrouve assiégée de toutes parts par les puissances voisines
=> 1810 , La communauté juive est divisée et 900 000 d'entre eux se retrouve désormais dans l'Empire Russe où ils ne sont pas les bienvenus.
=> 1820 , Les juifs deviennent rapidement la cible d'attaques populaires appelées pogroms
=> 1880 , Les juifs émigrent alors vers les USA et l'Europe Occidentale où leur condition s'est améliorée.


9- La domination turque jusqu'en 1892

a) La Palestine Otomane

=> 1516, le sultan turc Sélim Ier d'Istanbul conquiert la Palestine qui va devenir durant 4 siècles, jusqu'en 1917, une des provinces arabes de l’Empire ottoman, un an avant l'Égypte, mais il laisse aux milices mamelouks le pouvoir au niveau local. Intégrée dans l’empire Ottoman, la Palestine connaît au XVIe siècle un bon développement économique, au contraire de l’Égypte. Les cités et lieux de cultes sont rénovés, toutes les communautés voient leurs populations croître. Les Ottomans autorisent les juifs à se réinstaller en Palestine, fuyant les persécutions (notamment d'Espagne).
=> 1695, le géographe Hadrian Reland effectue une visite d'étude en Palestine où il décrit « un pays quasiment dépeuplé où la population, en majorité juive avec une minorité chrétienne, habite les villes de Jérusalem, Akko (Acre), Safed, Jaffa, Tibériade et Gaza, les Musulmans constituant une infime minorité pour la plupart des bédouins nomades ».
=>
1740-1775, le nord de la Palestine (eyalet de Sidon) est dominé par Dahir al-Umar qui établit sa capitale à Tibériade puis Acre ; il développe l'économie de la région mais il est exécuté en 1775.

b) L'expédition de Bonaparte en Egypte

Bonaparte y passe, suivi d’une courte présence égyptienne. La région subit une forte dépression économique, mais, à la fin du XIXe siècle, la Palestine redevient l’objet des convoitises, notamment européennes, et sa population voit l’arrivée massive d’Arabes de Transjordanie à la suite des émigrations juives, tandis que la minorité chrétienne s’étend également. Le général Napoléon Bonaparte mène campagne en Palestine et assiège Saint-Jean-d'Acre.
, Jérusalem : Proclamation à la Nation Juive, discours de Napoléon Bonaparte, durant sa campagne d'Égypte, reconnaissant la propriété de la Terre sainte (Palestine) au peuple juif.

c) La Palestine devient egyptienne pour 9 ans

Le pacha d’Egypte Méhémet-Ali qui, s’étant rendu indépendant, entre en conflit avec le pouvoir turc. L’armée égyptienne conquiert la Palestine et la Syrie en 1832. Cette domination égyptienne dure neuf ans, mais sous la pression des grandes puissances européennes, l’Egypte doit renoncer à ses ambitions territoriales (1841). La Palestine repasse alors sous l’autorité de l’Empire Ottoman qui se maintient jusqu’à la première guerre mondiale.

d) Le retour des ottomans en Palestine

1840 : Retour des Ottomans qui mettent en place un nouveau système de prélèvement de l'impôt,  Deuxième Guerre égypto-ottomane.
1866 : Le Suisse Henri Dunant, fondateur de la Croix Rouge, constitue La société nationale universelle pour le renouvellement de l'Orient, et lance un appel suggérant que les colonies juives naissantes en Palestine soient déclarées diplomatiquement neutres, tout comme la Suisse.
1869 :
Construction de la première route carrossable entre Jaffa et Jérusalem.
1873 : Les territoires allant de Ramleh-Jaffa, au nord, jusqu’à l’Égypte, au sud, relèvent désormais directement des autorités de Constantinople. Jusque-là, la Judée et la Samarie relevaient de l’administration de Damas, alors que la Galilée relevait de Beyrouth.
1881 : L'assassinat du tsar Alexandre II marque le début de la première vague d’immigration juive ou Première Aliyah. Des Juifs venus de Russie, de Roumanie, et du Yémen, viennent s’installer en Palestine. Le baron Edmond de Rothschild se met à acheter de la terre en Palestine et finance le premier établissement « sioniste » à Rishon LeZion (Le Premier à Sion).
Les juifs ashkénazes originaires d'Europe centrale et orientale, les juifs sépharades originaires d'Espagne, d'Afrique du Nord et de Turquie et les juifs mizrahim, originaires du Moyen-Orient, sont de condition modeste et se concentrent dans des quartiers à Jérusalem, Hébron, Safed et Tibériade. Ils ne représentent au total qu'une minorité (hormis dans ces villes). La population arabe vit à 70 % dans des petits villages dans les collines, à proximité des sources et des puits, où, métayers, ils vivent d'une agriculture traditionnelle. Les grands propriétaires terriens vivent dans les villes et, pour certains, à Beyrouth, Damas et Paris. C'est à eux, principalement, que les terres seront achetées, privant ainsi les métayers de leur outil de travail.
Dans les milieux ouvriers juifs socialistes européens, des quêtes sont organisées pour l'achat de terres en Palestine, des gravures d'époque présentent ces quêtes populaires.
Le sionisme moderne est né dans les milieux juifs ouvriers qui influenceront directement le style de vie des nouveaux arrivants : une société proche des idéologies socialistes et des méthodes collectivistes soviétiques, en créant des collectivités semblables aux kolkhozes russes (coopératives agricoles de production qui avait la jouissance de la terre qu'elle occupait et la propriété collective des moyens de production), où tout est mis en commun au service de la communauté. Dans les campagnes, ces collectivités appelées kvoutza, modernisées ensuite par le kibboutz et le mochav, coexistant avec un secteur privé. L'idéologie du sionisme est constituée d'un large éventail d'idées, qui comprend non seulement l'aspiration à un territoire pour le peuple juif, mais aussi une quête morale et spirituelle.


10- Versets de la Bible sur la diaspora juive

Ci dessous quelques versets de la Bible donnant les raisons pour lesquelles le peuple juif a été dispersé dans d'autres pays. Ces "promesses" de Dieu concernaient essentiellement la diaspora juive qui a commencé réellement après le règne de Salomon et la scission des royaumes d'Israel.(voir chapitre 2c)

Deutéronome 4:25-28  : "Lorsque tu auras des enfants, et des enfants de tes enfants, et que vous serez depuis longtemps dans le pays, si vous vous corrompez, si vous faites des images taillées, des représentations de quoi que ce soit, si vous faites ce qui est mal aux yeux de l'Éternel, votre Dieu, pour l'irriter, vous disparaîtrez par une mort rapide du pays dont vous allez prendre possession au delà du Jourdain, vous n'y prolongerez pas vos jours, car vous serez entièrement détruits. L'Éternel vous dispersera parmi les peuples, et vous ne resterez qu'un petit nombre au milieu des nations où l'Éternel vous emmènera"
1 Rois 14:15  : "L'Éternel frappera Israël, et il en sera de lui comme du roseau qui est agité dans les eaux; il arrachera Israël de ce bon pays qu'il avait donné à leurs pères, et il les dispersera de l'autre côté du fleuve, parce qu'ils se sont fait des idoles, irritant l'Éternel."
Néhémie 1:8-9 : "Souviens-toi de cette parole que tu donnas ordre à Moïse, ton serviteur, de prononcer. Lorsque vous pécherez, je vous disperserai parmi les peuples; mais si vous revenez à moi, et si vous observez mes commandements et les mettez en pratique, alors, quand vous seriez exilés à l'extrémité du ciel, de là je vous rassemblerai et je vous ramènerai dans le lieu que j'ai choisi pour y faire résider mon nom."
Ézéchiel 36:17-20  : "Fils de l'homme, ceux de la maison d'Israël, quand ils habitaient leur pays, l'ont souillé par leur conduite et par leurs oeuvres; leur conduite a été devant moi comme la souillure d'une femme pendant son impureté. Alors j'ai répandu ma fureur sur eux, à cause du sang qu'ils avaient versé dans le pays, et des idoles dont ils l'avaient souillé. Je les ai dispersés parmi les nations, et ils ont été répandus en divers pays; je les ai jugés selon leur conduite et selon leurs oeuvres"
Actes 11:19 : "Ceux qui avaient été dispersés par la persécution survenue à l'occasion d'Étienne allèrent jusqu'en Phénicie, dans l'île de Chypre, et à Antioche, annonçant la parole seulement aux Juifs."

Publié dans Geopolitique

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